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J'irais dormir chez Les Zonards. Ou Les Cendres Hardcore d'Angela !

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Message par Admin Mer 9 Sep - 9:51

J'irais dormir chez Les Zonards. Ou Les Cendres Hardcore d'Angela !

1.1) Avant-propos : Le carnet du lot numéro cinq -


Lorsqu'elle ouvrit le carton du lot numéro cinq, qu'elle venait d'acheter à la vente aux enchères sans en connaître le contenu, Angela découvrit avec surprise deux anciens portefeuilles en crocodile avec fermoirs en laiton, un carnet en cuir usagé, rempli de notes écrites en langue étrangère et une bouteille de vin rouge millésimé dont l'étiquette avait beaucoup souffert.

Aussitôt elle imagina la vie de leur ancien propriétaire :

Dans son bureau, cet écrivain avait démembré de précieux manuels, annoté au feutre les idées stimulantes pour les recopier ensuite dans son carnet ; au milieu de son capharnaüm, il avait pris soin de glisser aussi entre les pages du carnet des photographies en noir et blanc numérotées ou portant une lettre.

Angela avait tenté aussi d'ouvrir le fermoir des portefeuilles dans l'obscurité de sa chambre (on lui avait coupé le courant suite à ses dépenses exorbitantes.)

On ne voyait que la diode de sa lampe de poche éclairant l'unique ensemble du carton contenant les objets. Les deux fermoirs avaient fini par céder, lui laissant découvrir des papiers où l'écrivain étudiait la prononciation de mots souvent rares et complexes d'une langue encore inconnue pour elle.

Elle ne connaissait même pas leur existence : cette liste de mots semblait tout aussi ésotérique que le reste, renvoyant comme un index, aux différentes pages du carnet.

Au début, elle les confondit avec des noms de pseudos inventés de toute pièce par l'écrivain. Mais une recherche sur Internet lui apprit qu'ils venaient d'un dialecte de Papouasie.

Tout était organisé autour du carnet en cuir : les photographies vieillottes, les prononciations sauvagement gardées par les portefeuilles et peut-être même cette bouteille de vin rouge !

Cette nuit, avant d'éteindre son ordinateur et de planquer le carton dans l'une de ses armoires, elle s'intéressa de plus près au profil du vieil homme décédé : feu professeur de langues à la faculté, l'ancien propriétaire était aussi homme de lettres à ses heures perdues.

Elle se coucha finalement très tard, et fit des rêves fiévreux où elle se perdait, comme Alice aux Pays des Merveilles, dans cet étrange classement, ce fourmillement de ratures et d'images, et quelque chose lui chuchotait à l'oreille qu'elle tenait à présent l'aboutissement d'une méthode d'écriture novatrice et surtout d'une invention farouchement gardée sous clef !

1.2 La méthode novatrice d'Alphonse Choplif et l'invention d'une Zone !

Angela était étudiante en informatique, pourtant dès le réveil, elle décida de ne pas aller en cours ce jour-ci. Devant son café, elle observait encore sous toutes les coutures les deux portefeuilles, puis l'examen passa à nouveau au carnet, il y avait à la page quatorze un poème qui la fit rire et la mit de bonne humeur :

« Jour numéro un, deux et trois :

J'ai dormi à la belle étoile, sous les baobabs de Saint-Péray

Des géants à côté de moi qui ont l'haleine de la lascivité

Aujourd'hui, mes mains n'attrapent

Que du vent ; et le petit diable vert du Photomaton

M'observe en ricanant tandis que je jette

Mes divagations sur le papier de moleskine. »

Guillerette, elle chercha la photographie qui était rattachée à ce poème, Angela vit alors qu'elle représentait un camion poubelle en partance pour sa tâche. Interloquée d'abord puis à nouveau amusée, elle scanna la photographie pour l'enregistrer dans son MacBook et la publier sur Twitter ainsi : « un poème, c'est comme un camion poubelle, il récupère toutes les ordures qui sont délaissées sur la route. »

Plus tard dans la journée, sur une feuille de papier, elle listait des adresses emails face à l’écran de l’ordinateur et tapait frénétiquement sur le clavier de temps en temps tandis que des jeunes gens au-dehors s’appliquaient à détruire le mobilier urbain. Ainsi, elle avait à portée de main le lourd carton de la vente aux enchères et cherchait désespérément parmi ses contacts une personne qualifiée pour décrypter les mystères du carnet d’Alphonse Choplif, ce capharnaüm d’où il lui semblait poindre son rire, ses sarcasmes qui rendaient du sale. Au milieu de l’éparpillement de tous ces documents désormais en sa possession, la nuit arriva, et toujours sans éclairage (elle rechargeait la batterie de ses appareils sophistiqués dans les lieux publics) elle s’était armée de nombreuses piles pour recharger sa lampe de poche.

Elle écoutait à l’aide de son iPhone, une playlist du groupe défunt Nirvana : quand Kurt Cobain et Krist Novoselic étaient encore sous le label Sub Pop avant que le groupe ne devienne un truc énorme, une grosse machine à faire du fric.

La page numéro deux traitait d'un autre temps où des agitateurs avaient été pendu pour quelques Napoléons dérobés. Avant leur exécution, par le pouvoir de leur imagination, ils avaient adopté un lieu qu'ils appelaient La Zone.

Angela toujours penchée sur l'étrange ordinateur, avec le carton du lot numéro cinq à ses pieds, patinait dans la semoule sans jamais avancer, c'était davantage qu'un fragment de textes incompréhensibles : c'était un avertissement à suivre si elle ne voulait pas sombrer dans la folie, le non-sens se terminant en entonnoir morbide.

Elle avait lu les dernières lignes, clope au bec, tandis qu'une odeur fétide s'échappait du trou des canalisations de la salle de bain ; elle avait lié aux américaines des herbacés psychédéliques pour atténuer sa migraine causée par ces mondes insensés.

Soudain, une explosion épiphanique d’éclats de lumière la plongea au fond du terrier, à cent pieds de profondeur sous la terre noire pour retrouver cet endroit mystérieux qui scintillait et l’intriguait tellement, l'entraînant dans son sillage vers un non-retour testamentaire. Il y avait au bout du tunnel un Gardien, Le Gardien de La Zone qui détenait la clé de toutes ces énigmes ; aujourd’hui, guidée par le Gardien, l’élue, la douce et tendre Angela, la seule et véritable élue, les yeux mi-clos, avaient franchis la Porte reliant l'existence aux ténèbres. Et pendant qu’elle parcourait sur la pointe des pieds d’immenses paysages littéraires, tout aussi factices, sous la lumière pâle de la lune se déversant jusqu’au fond du terrier, le Manitou des Grands Vents l'observait depuis la vitrine de sa boutique. Surplombant la scène, du haut de son échelle, il laissa tomber par maladresse un livre poussiéreux d'Egon Willerbann.

La toile du rêve se perça sous le choc, la jeune fille se retrouva sans la moindre transition sur une haute plate-forme ; un homme tantôt à tête de chien, tantôt à tête de lapin, avalait son café en lisant le New-York Times mais ce n'était peut-être qu'une illusion optique.

En fait, personne ne connaissait son identité.

Et quand elle lui adressa la parole et l'interrogea sur le sens profond qu'il menait entendre au sujet de son existence, le lecteur lui avait dit que son existence représentait toute la poésie d'ici bas, et vice-versa.

Il n'y avait aucune signification à tirer de ce rêve... Et pourtant, filant dans l'obscurité comme une comète, elle décida de continuer la piste, de faire lovely-love dans le brouhaha noir de ces drôles de carnavaliers.

Et ce fut ainsi que sa blonde chevelure fut découpé abjectement aux ciseaux.

Elle retrouva face à la houle, les farceurs : la saison des TDM tire-bouchonnés s'assurait un chemin parmi les calligraphies à l'encre chancelante d'un auteur de passage... -c'était l'histoire d'une poignée nomade de Cyborgs enfermés malgré eux au centre d'une danse macabre.

A l'aube, sur une pelouse, près du stand au poisson, Angela se réveilla sa jupe et ses sous-vêtements en lambeaux, souillée, alors que Les Zonards étaient déjà loin, dans une autre ville, sur un autre continent ou sur une autre planète sûrement, se rassemblant en déambulant le long de leurs Mercedes aux teintes noires.

Le rallye était prêt à commencer, leurs enthousiasmes brûlaient comme des étincelles de sel, de poivre, de parmesan, ou d'origan.

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